Facteurs de risque
Troubles psychiatriques
Ils sont du type démence, même moyenne, troubles du comportement, désorientation
ou troubles de la mémoire. Ils s'installent progressivement.
Incapacité physique
Les capacités physiques diminuent au cours du temps. Les fonctions sensorielles sont
moins performantes. Ces facteurs conduisent à une perte d'autonomie et placent
la personne vers une situation de dépendance.
Baisse des revenus
Des revenus faibles ne permettent pas à la personne âgée d'assurer une vie autonome.
Ils l'obligent à être hébergée chez un membre de sa famille. Cette cohabitation est
souvent une source de conflits et génère une agressivité de part et d'autre, chacun
des protagonistes ayant du mal à trouver sa place et sa part de liberté dans cette
nouvelle architecture familiale. Ce phénomène est accentué lorsque certaines
familles ont la violence et l'agressivité comme mode de fonctionnement en réponse
à des situations de colère ou de frustration.
Aidant naturel
Le maintien à domicile, alors que la personne âgée et l'aidant ne sont plus en
mesure de vivre en harmonie et dans une sécurité sanitaire, devient alors source
de maltraitance.
Aidant en activité : l'aidant naturel qui a une activité professionnelle, source de
stress, n'a pas toujours la disponibilité nécessaire lorsqu'il s'agit d'accueillir une
personne âgée. Cette situation est particulièrement préjudiciable lorsque l'aidant
naturel doit en plus gérer ses difficultés financières (perte d'emploi) ou affectives
(divorce). .
Aidant âgé: du fait d'une espérance de vie allongée, l'aidant naturel est parfois
lui-même âgé. Il devient en quelque sorte parent de ses parents et n'est pas préparé
à vivre une telle situation.
Aidant malade: l'aidant naturel peut lui-même souffrir de troubles physiques,
psychologiques et psychiatriques qui limitent ses capacités de prendre soin de la
personne accueillie. Il peut, du fait de la mort du conjoint, vivre une situation de
deuil génératrice d'anxiété et de stress. Progressivement l'aidant naturel s'épuise
physiquement et psychologiquement. Il risque alors d'avoir des comportements
maltraitants. De plus, les passages à l'acte de violence ou de simple agressivité
peuvent être majorés dans des contextes d'alcoolisation.
Institutions soignantes
Dans le contexte institutionnel, de nombreux facteurs peuvent faire glisser les
conduites soignantes vers des formes de violence ou de négligence à l'encontre des
personnes âgées :
*épuisement professionnel, ou burn~out des Anglo-Saxons: il survient lorsqu'il
y a un manque d'effectif évident et que la charge de travail augmente régulièreruent;
*stress: le stress quotidien risque de s'accumuler; bien qu'il ne soit pas toujours
facile à verbaliser, les équipes doivent participer à ce que l'expression de chaque
soignant puisse avoir lieu;
*fantasme mortifère: soigner des personnes âgées dont les fonctions physiques
et cognitives s'altèrent progressivement renvoie le soignant à son propre vieillissement
et sa propre mort; cette situation est parfois difficile à accepter et à
vivre;
*manque de formation: le manque de formation ou d'actualisation professionnelles
conditionne parfois, de façon inadaptée, certaines pratiques soignantes ;
la formation permet aux professionnels de « s'armer» pour aborder les patients
violents pour des raisons pathologiques (démence), psychologiques (dépression)
; les techniques acquises aident les deux protagonistes dans les situations
de soins au quotidien;
*mauvaises conditions de travail: des locaux et du matériel inadaptés ou
désuets, qui ne prennent pas en compte les différents handicaps qui peuvent
exister ou apparaître chez les personnes soignées, sont sources de maltraitance
involontaire.
Réponses à la maltraitance
La loi
La loi existe pour prévenir tout acte de violence donc de maltraitance.
Assistance à personne en péril
La maltraitance, sous quelque forme qu'elle soit, met la personne âgée en péril, en
raison de sa fragilité et du risque de décompensation rapide. Le Code pénal (art. 63)
punit d'emprisonnement et d'amende « quiconque s'abstenant volontairement de
porter à une personne en péril l'assistance que, sans risque pour lui ni pour les tiers,
il pouvait lui prêter, soit par action personnelle, soit en provoquant un secours. »
Secret professionnel
Les soignants sont liés au secret professionnel par l'article 226-13 du Code pénal,
sauf en cas de maltraitance (art. 226-14) : « L'article 226-13 n'est pas applicable à
celui qui informe les autorités judiciaires, médicales ou administratives de sévices
ou privations dont il a eu connaissance et qui ont été infligés à un mineur de moins
de quinze ans ou à une personne qui n'est pas en mesure de se protéger en raison
de son âge ou de son état physique ou psychique. "
Les infirmières et infirmiers ne sont donc plus tenus au secret professionnel lorsqu'ils
rencontrent des situations qu'ils estiment relever de la maltraitance, Il n'appartient
pas aux infirmières et infirmiers, en tant que soignants, de porter un jugement de
valeur sur tel ou tel fonctionnement. Leur préoccupation est dictée par le souci de
qualité du soin et du confort à apporter à la personne âgée. S'ils l'estiment nécessaire,
ils alertent le médecin de famille, les services sociaux et juridiques. Alerter
n'est pas dénoncer car la situation est analysée grâce à une enquête pour réunir
suffisamment d'éléments validant le terme de rnaltraitance.
Code de la santé
D'autres textes de loi protègent la personne âgée:
*la charte de personne âgée à domicile ou en institution;
*les règles professionnelles infirmières (décret n° 93-221 du 16 février 1993) :
~ art. 2 : exercer sa profession dans le respect de la vie et de la personne humaine,
~ art. 6 : porter assistance aux malades ou blessés en péril,
~ art. 25 : dispenser ses soins à toute personne avec la même conscience, quels
que soient les sentiments éprouvés à son égard et quels que soient l'origine
de cette personne, son sexe, son appartenance ou non-appartenance à une
ethnie, à une nation ou à une religion déterminée, ses moeurs, sa situation de
famille, sa maladie ou son handicap et sa réputation,
~ art. 26 : agir en toutes circonstances dans l'intérêt du patient .
Les pratiques soignantes
Quel que soit son lieu d'exercice, s'interroger régulièrement sur ses pratiques de
soins. Les habitudes, la routine peuvent, à terme, nier la personne âgée-sujet et
la transformer en objet de soins sur lequel s'installe une maltraitance. Quelques
moyens existent pour prévenir la maltraitance :
*projet de soins: l'élaboration du projet de soins de la personne (ou projet individualisé)
comme son réajustement sont les outils incontournables; ils donnent
à toute l'équipe de soins les moyens de réfléchir sur les actions infirmières en
cours et d'en mettre en place de nouvelles pour atteindre avec « bientraitance »
les objectifs souhaités;
*instauration de groupes de parole, où chaque soignant peut librement s'exprimer
sans être jugé, concourt à limiter le stress; ces rencontres permettent de
réfléchir à l'organisation des soins dans l'unité, parfois, une simple réorganisation
du travail favorise le bien-être des soignants, alors en meilleure disposition
pour prendre soin des personnes;
*formation professionnelle: elle permet de prendre de la distance vis-à-vis de
ses pratiques professionnelles, de s'informer et se former à de nouvelles pratiques
de soins, de partager ses expériences avec d'autres professionnels et d'enrichir
son potentiel professionnel.
ALMA : réseau de prévention de la maltraitance
ALMA (Allô Maltraitance des personnes âgées) est un réseau de prévention de la
maltraitance des personnes âgées.
http://www.alma-france.org. Tél. : 08 92 68 01 18.
Des écoutants bénévoles formés recueillent les plaintes puis constituent des dossiers
qui seront ensuite examinés par le comité permanent. Un recueil d'informations
complémentaires par des visites, des contacts avec des membres de la famille, le
médecin de famille, etc., est parfois nécessaire pour valider la plainte.
En fonction du dossier, la victime ou le maltraitant sont visités. La consultation
d'un avocat est proposée, une plainte déposée et une médiation envisagée. En cas
de plainte portée contre une institution, les autorités de tutelle sont informées.
ALMA fait aussi un travail de prévention en partenariat avec des organisations
départementales ou municipales d'actions gérontologiques : soutien aux aidants,
aide à l'amélioration et l'adaptation de l'habitat, orientation des personnes âgées
vers des centres d'accueil temporaire (à la journée ou pour quelques jours), pour
soulager les famille